Avertissement

  Si vous admettez qu'il est évident, (entre autres découvertes), " d'entendre les perroquets philosopher et les rossignols des peintures murales vocaliser dans la chambre du Pape " vous pouvez commencer à lire l'introduction du conte touristique et fantastique de

 L'incroyable histoire de la girafe sans cou ni tête à la découverte d'Avignon

 

 

Je n’ai ni cou ni tête et pourtant je mange, je bois, je sens, j’écoute et surtout – regard affûté – j’observe et je réfléchis.

Mes pattes plus fines que les longues échasses des bergers landais enjambent monts et merveilles mieux que les bottes de sept lieues parce que je suis née d’un miracle. Sans père. Et aucune mère-girafe en me mettant au monde ne m’a laissée tomber de toute sa hauteur. Elle n’a pas eu à trembler pendant un quart d’heure pour savoir si j’allais me relever, toute seule, comme il est inscrit dans les gènes de notre espèce ou si, pour m’éviter d’être déchiquetée par la mâchoire d’un lion prédateur, elle allait devoir m’asséner un grand coup qui me renverrait dans les limbes noirs pour l’éternité.

Ma mère ne m’a pas portée.

Elle a commencé à me sculpter dans son atelier au milieu des ocres de Roussillon dans le Vaucluse. Je suis née de ses doigts créateurs, et j’aurais pu, belle forme artistique figée, passer mes jours à parader dans la vitrine d’une galerie d’art ou d’un musée, à accueillir les invités dans le salon design d’un collectionneur du Luberon ou à servir d’attraction de luxe pour de richissimes américains... J’aurais pu être choyée et admirée aujourd’hui et demain comme Les demoiselles d’Avignon, le tableau de Picasso, La girafe en feu de Salvador Dali ou Le masque d’or de Toutankhamon...

De cette existence dorée mais tracée, je n’ai pas voulu. Alors, je me suis enfuie, consciente du chagrin que j’allais causer à l’artiste-génitrice qui m’a donné tout son amour, m’a façonnée de tout son savoir, m’a insufflé l’énergie et la passion furieuse de vivre.

Alors, même inachevée, sans cou et sans tête, je me suis échappée pour être libre.

J’ai déserté mon destin rectiligne pour ne pas finir comme Zarafa, idole des foules mais enfermée dans sa cage de verdure et de grilles du Jardin des Plantes à Paris au début du XIXe siècle. Au moment de mon départ, " l'Aimable", c'est la traduction arabe de son nom, m'est apparue.

 

Après lui avoir raconté sa vie, Zarafa lui livre une prophétie

 " À presque deux siècles écoulés, Avignon accueillera une autre girafe. Un chef d'oeuvre bouleversera sa vie et, d'un amour impossible, naîtra la chimère d'une légende nouvelle."

 

Texte publié en 2017 par Cam édition et distribué par la Voix oblique / lavoixoblique@orange.fr

sommaire

 

 

 

 

 

Sommaire